dimanche 26 août 2012

-----VERS LE DESERT DE GOBI--------------------


21-08-2012

Depart pour le sud de la Mongolie, en direction du desert de Gobi.

On se rend a la gare de bus de Dragon Center, a l'ouest de la ville. De la, nous cherchons a voir si un bus part en direction de Eej Khad. Eej Khad n'est qu'un site au milieu de nulle part, ou les gens s'y rendent en pelerinage, il n'y a aucun bus qui s'y rend.

Nous embarquons finalement dans un minibus pour Zuunmod, premiere ville au sud d'Oulan Bator. A la sortie d'Oulan Bator, nous decouvrons les paysage de steppes parsemes de yourtes.



Apres une heure de route, nous arrivons a Zuunmod. Nous cherchons ainsi a faire du stop pour rejoindre le site de Eej Khad. Sur un morceau de papier, on ecrit consciencieusement notre destination dans l'alphabet cyrillique et on se rend sur la route qui y mene. A peine la petite affichette sortie, un camion s'arrete. C'est un camion "pick-up", avec un habitacle et une plate forme a l'arriere sous une bache en plastique. Nous grimpons a l'arriere, a l'air libre. Six personnes y somnolent, Miga nous aide a y grimper et nous nous serrons tous a l'avant de la plateforme pour ne pas etre trop secoue.



Le camion demarre en direction du sud, il emprunte des pistes au milieu des collines et des steppes verdoyantes. Une fine poussiere, souleve par le camion, s'infiltre partout. Pour s'en proteger, chacun s'emmitoufle dans des couvertures et grands manteaux mongoles. Lorsque le camion fait une pause, ils descendent la bache du cote ou souffle le vent pour limiter la poussiere. Miga et ses amis, avec qui nous voyageons  sur la plateforme du camion, se rendent a un abattoir. Ils vont y tuer des centaines de moutons. Pour ce travail, ils sont paye 15 000 Tugrik par jour, ce qui correspond a 8 euros.
Tres vite, ils sortent une bouteille de vodka. Nous leurs offrons alors une petite bouteille achete en Russie. aussitot ouverte, ils la boivent quasiment d'un cul sec et nous font partager leur bouteille.



Apres pres de deux heures de piste, le camion s'arrete a nouveau et on nous lache en pleine nature, a cote d'un monsatere bouddhique.



 Le site de Eej Khad se trouve a cinq kilometres vers l'ouest. Il est deja 17h et nous n'avons toujours rien mange depuis Oulan Bator. Arrive sur le site, la faim au ventre, on s'installe dans une petite baraque qui fait office de restaurant. On nous apporte alors une montagne de viande de mouton bouillis. On peut y deviner a peu pres toutes les parties de la bete accompagne de gros morceaux de graisse. Heureusement, nous avons droit, pour tout couvert, a un couteau pour deux afin de deguster ce festin pas si appetissant que ca. La faim prenant le dessus, nous plongeons nos mains dans la morbaque et on finit presque par y prendre gout. Enfin rassasie, apres avoir bu un bon tsai, un the noye dans du lait chaud, nous avons droit de decouvrir le fameux lait de jument fermente, une specialite nomade. Nous ne trempons que nos levres, c'est absolument infecte ! Le gout est tres fort et sent un peu le purin, c'est vraiment tres complique a decrire, il faut gouter par soi meme pour se faire une idee.




Le site de Eej Khad n'a vraiment rien d'exceptionnel. Cet endroit appelle la "roche mere" est une formation rocheuse ou les pelerins viennent y deposer des offrandes. Toutes ces offrandes apportes donnent au site des allures de dechetterie a ciel ouvert. Les gens y laissent des bouteilles de vodkas a moities vides, des biscuits, des packs de laits et toutes sortes d'aliments au milieu de nombreux morceaux de tissus bleus de priere.



Nous rejoignons a present la piste principale qui file vers le sud, ou nous avais depose nos amis egorgeurs de moutons. Aucune voiture ne va dans notre direction, tout le monde repart vers Oulan Bator. Nous marchons alors vers le sud, le long de la piste. Au loin, un homme a moto rassemble son troupeau de cheval devant le soleil qui commence a decliner.




Une voiture finit par passer par la et nous avance de quelques kilometres. Lorsque le ciel commence a se teinter de rouge, lorsque le soleil disparait derrieres les steppes, notre chauffeur s'arrete pres d'une yourte, descend de son vehicule, s'installe sur le tapis a l'interieur de la yourte, se sert un verre de lait de jument, prend des biscuits. Il ne connait absolument pas les habitants du lieu, mais fait tout a fait comme chez lui sans la moindre gene.

Configuration type d'une yourte




Une yourte est un foyer familial qui reste toujours ouvert a toutes les personnes de passage. Nous allons donc y passer la nuit. Une fois notre chauffeur parti, Tsetsegmaa, la femme de Chuluunpurew, nos nouveaux hotes, prepare le repas. A nouveau, on nous sert une tasse de lait de jument, je parviendrais a en boire une tasse et demie ! Tous les amis de la famille debarquent pour le diner. Le bruit a couru dans les steppes que des occidentaux etait y heberges. Chaque convives trouve sa place en rond, autour du poele, au centre de la yourte. Tsetsegmaa y fait bouillir de petits morceaux de viande finement coupe, cuisine avec du riz. Les hommes se servent des verres de vodka et les enfants sont plonges dans le guide de conversation franco-mongole.



Les plats sont distribues dans un ordre bien precis. La petite fille apporte d'abord le plat au chef de famille, puis tous les hommes par ordre d'age jusqu'aux petits garcons, puis l'invite homme (moi). Vient ensuite le tour des femmes, toujours des plus ages jusqu'aux petites filles en terminant par Nina. La maitresse de maison ne fera que piquer des petits morceaux dans la grande marmite.

Une fois le repas termine, tous les invites retournent retrouver leurs yourtes quelque part, perdue dans la steppe. Les hommes, deja bien emeche par la vodka enfourchent leurs motos et s'eloignent dans l'obscuritee.

La yourte se transforme progressivement en chambre a coucher, on y deroule des futons pour chacun. Des amis de la famille sont reste dormir, ils ont droit au seul lit de la yourte. Une fois la lumiere eteinte, les adultes refont le monde et rigolent jusque tard dans la nuit. On se demande bien ce qu'ils peuvent bien se raconter de si drole. Ils font presque penser a des adolescents qui s'invitent a dormir.


22-08-2012

Au reveil, la fille ainee de Chuluunpurew et Tsetsegmaa arrivent a la yourte avec son mari et ses deux enfants. Nous partageons un tsai qui nous rechauffe de la nuit glaciale.

Lorsque nous nous appretons a partir pour la longue marche, nos hotes nous font signe de rester pour le dejeuner. Tsetsegmaa est deja au fourneau. Elle prepare un peu le meme plat que la veille en remplacant le riz par des pates qu'elle confectionne elle meme. Elle petrit la pate, l'aplatit a l'aide d'un rouleau a patisserie et la decoupe en fine lamelles. Nous mangeons ensuite le plat en bouillon.

Le ventre bien rempli, nous pouvons a present partir parcourir les steppes infinies en direction de l'ouest pour retrouver la route qui relie Oulan Bator a Mandagovi.



Apres deux heures de marche, nous arrivons a une yourte ou nous faisons une halte pour demander notre direction. Aussitot, ils nous convient dans leur yourte. L'interieure y est beaucoup plus rustique que la precedente. Au centre, sur le poele, un mouton entier, couper en morceau, mijote. On peut reconnaitre la cervelle, les intestins, le foie avec les autres morceaux de viandes et de graisse. La femme selectionne les meilleurs morceaux et nous offre le plat debordant de viande. Ca ira pour cette fois, on leurs fait comprendre qu'on vient juste de dejeuner. A l'exterieure, les hommes arrivent en motos.




Nous nous installons derriere eux pour qu'ils nous avancent de quelques kilometres. Ils en profitent pour aller rendre visite a leurs amis dans une yourte a une  dizaine de minute de moto.







La-bas, nous avons a nouveau droit a tout le rituel de l'accueil: Lait de jument fermente, the, tsai, gateaux et petits fromages de brebis seche au soleil.



D'apres eux, la route est approximativement a 25 km vers l'ouest. Nous reprenons alors notre marche vers les grands espaces qui s'etendent a l'infini.



Quelques heures plus tard, nous apercevons enfin la route a l'horizon. Sauve ! A quelques dizaines de metres de la, un homme assis dans les fourres au pied de sa moto nous fait signe de venir. C'est le type qui nous avait rapproche en moto. Il nous propose de nous amener jusqu'a la route. Nous acceptons et embarquons chacun notre tour sur sa moto. Soit disant la steppe ne serait pas praticable par le chemin le plus court, il fait un detour bizarre en bifurquant vers le nord.



Lorsque nous arrivons enfin a la route, il veut nous faire payer une somme exorbitante pour son carburant. Je lui donne deja une belle somme, mais il en demande toujours plus !

Un gros 4x4 s'arrete alors pour nous prendre en stop et nous voila parti sur une belle route toute neuve,  fraichement coule. Nous profitons de cette belle route toute lisse quelque minute puis l'asphalte s'arrete net et nous voila propulse sur une multitude de pistes en direction de Mandagovi. Les deux hommes qui nous conduisent ont un petit cote mafieu avec leurs lunettes de soleil. Le chauffeur en impose avec son gros ventre qu'il aere en soulevant son t-shirt et son co-pilote est tout petit, tout maigre. Tres vite, ils nous font aussi signe de les dedommager pour la route, ce qui est normal en Mongolie, tout le monde peut s'improviser chauffeur de taxi. Nous nous arretons alors pour negocier. Pour cela, nous ecrivons avec le doigt les montants sur le capot poussiereux de leur 4x4. On se met d'accord sur un prix, mais nous ne sommes surement pas asses precis sur la destination. Apres plus d'une heure de piste, ils veulent nous lacher au milieu de nulle part en nous indiquant que les formations rocheuses de granite de Baga Gazzyn se trouvent a une dizaine de kilometres vers l'ouest et biensur, ils veulent etre paye pour la course. La, il y a un probleme, le ton monte entre nous et la negociation se corse. Nous finissons tout de meme par nous mettre d'accord et nous voila repartit. A Mandagovi, nous trouvons un petit hotel crasseux dont un petit filet d'eau froide coule de la douche.


23-08-2012

Le matin, on traine un peu dans Mandagovi. Le bus en provenance de Oulan Bator et a destination de Dalanzadgad devrai passer vers 14 ou 15h. Nous dejeunons dans le petit restaurant ou tous les bus font leur pause. Les clients arrivent par vagues au rythme des dus. Le notre n'arrive finalement qu'a 16h.

Nous embarquons a bord apres sa pause, le bus demarre et s'enfonce peu a peu dans le desert de Gobi. Il n'y a pas de route, uniquement des pistes. Nous decouvrons les autoroutes mongoles, ils sont larges de plus d'un kilometre par endroits, ce sont des quinze a vingt voies. Les grandes routes de Mongolie sont en fait une multitude de pistes qui vont globalement dans la meme direction, qui se croisent, se rassemblent et se separent a nouveau.



Le paysage deviens de plus en plus plat. Nous pouvons apprecier la ligne d'horizon a 360 degres a la ronde, on pourrait se croire en pleine mer. La nuit commence a tomber, les phares des autres vehicules qui parcourent le pays apparaissent au loin.

Vers 21h, dans la nuit noire, on commence a distinguer les petites lumieres de Dalanzadgad a l'horizon. Nous sommes encore a une cinquantaine de kilometres de la ville, on a le sentiment d'apercevoir la terre, les lumieres du port, alors qu'on serait en plein ocean. Il nous faudra encore une bonne heure de navigation dans le desert avant d'arriver a bon port.

24-08-2012

Pour visiter la region, nous sommes oblige de louer un 4x4  avec un chauffeur car les sites a decouvrir ne sont pas desservis et personne d'autre que les minibus et les 4x4 de touristes ne s'y rendent. Nous trouvons donc une voiture au Dalanzadgad Hotel pour une excursion de trois jours dans le desert de Gobi.

Depart pour la premiere etape, Yolyn Am. Bataar, notre chauffeur nous depose a l'entree du site et nous marchons le long du ruisseau Yol qui s'enfonce peu a peu dans les profondes et etroites gorges. Ces gorges sont si etroite que les rayons du soleil n'y penetrent jamais et il est sense y avoir de la glace toute l'annee. A notre passage, aucune trace de glace n'est visible, tout a fondu. Nous mettrons ca sur le compte du rechauffement climatique.

De retour a la voiture, nous reprenons notre chemin en direction des dunes de Khongoryn Els ou nous allons passer la nuit. Le 4x4 roule a travers les montagnes etroites, nous redescendons une riviere qui nous sert de route, on passe a travers des gorges qui font exactement la largeur du vehicule, au centimetre pres, on traverse des troupeaux de chevres, on grimpe sur un dernier petit monticule et la, nous passons d'un monde a un autre dans l'espace d'une fraction de seconde. Le passage de ce petit monticule nous devoile un paysage a couper le souffle,  un paysage infini, plat comme un lac et borde a l'horizon par de lointaine montagnes.




En arrivant a Khongoryn Els, le jour commence a decliner. Nous grimpons les 200 m de dunes pour apprecier le coucher de soleil depuis la crete de sable qui domine la vallee. Le soir, nous logeons dans l'un des nombreux camps de yourtes present dans la vallee.


25-08-2012

Au petit matin, la femme du camp de yourtes est occupe a traire ses vaches avec l'aide de sa petite fille. Une autre francaise photographie aussi la scene, elle est tellement captive par le spectacle qu'elle parvient a marcher en plein dans une bouse de vache toute frainche chaussee de ses petites sandales Quechua.

Une fois les affaires pretes, nous continuons notre route a bord du 4x4 de Baatar. Ce matin, il est tout excite, il a retrouve des copines qui accompagnent le groupe de francais, une espagnole et des taiwanais dans un minibus russe. Nous roulons cote a cote a travers la steppe, nous faisons les memes pauses touristiques, nous nous arretons aux meme vendeurs de cailloux et de boissons fraiches, nous dejeunons dans les memes villages...

Apres s'etre promene a travers les roches rouges du site de Bayanzag, nous redescendons en contrebas des falaises de feu a la recherche d'un lieu pour passer la nuit. Nous sommes heberges chez des eleveurs de chameaux. Nous passons les heures chaudes de l'apres-midi a l'ombre de la yourte en attendant Mouguii, le pere de Paguii et Baltboaa. Baatar nous y laisse et part voir des amis dans le camp de yourtes voisin. Ca fait du bien de plus trop le voir, il commencait a devenir un peu chiant. Lorsque Mouguii arrive, il a le meme sourire joyeux que ses deux garcons. Il nous propose un tour d'une heure en chameau pour un prix tres raisonnable et nous acceptons avec joie.

Le rire aux eclats de Paguii, le fils de 16 ans qui nous sert de guide, nous regardant galerer sur nos montures est presque plus plaisant que la promenade elle meme, c'est fantastique.




De retour au camps, Mouguii me propose de faire un tour avec sa moto. Genial, le petit Baltboaa, le jeune fils de 14 ans, grimpe derriere moi et nous voila parti a travers les steppes.



Le soir venu, Mouguii et ses deux fils nous preparent le repas. Nous mangeons dehors, sur le pas de la yourte, en face du troupeau de chameaux qui ne cessent de blaterer dans le crepuscule naissant.


26-08-2012

Au lever du jour, Baltboa rassemble le troupeau de chameaux pendant que nous rangeons nos affaires. Nous chargeons les sacs dans le 4x4 et nous voila reparti pour Dalanzadgad. Baatar nous confirme que tous les bus pour Oulan Bator sont complets et qu'il risque de n'y avoir aucune place d'ici deux jours. Nous devrons donc prendre un minibus. En arrivant a Dalanzadgad, je lui demande quand meme de nous deposer a la gare de bus pour verifier par nous meme cette information bizarre. Surprise, il reste juste deux places libres. Elles ont du etre annulees car une trace de blanco apparait sur la liste. Nous partons donc cet apres-midi a 16h. On a bien fait de verifier !

Il ne fallait pas s'attendre a avoir les meilleures places, nous sommes tout a l'arriere, la ou ca bouge le plus, sur une banquette instable et avec des cartons de viande a nos pieds. Le bus se remplit, les passagers s'entassent dans tout le bus. Chacun tente de se trouver un peu d'espace pour mettre ses jambes coinces sous une gigantesque montagne de bagages. Le bus est rempli d'etudiants qui se rendent a Oulan Bator pour la rentree universitaire. On a un peu l'impression de partir en voyage de classe ou en colonie de vacances.

Tres vite, les quelques kilometres de route goudronne qui marquent l'entree de la ville s'arretent net. Nous voila projete sur les pistes mouvementees pour une longue traverse du desert.

Les premieres grosses cassures de pistes nous font vite comprendre dans quel guepier nous nous sommes embarque. La nuit s'annonce tres agitee. Regulierement, on se retrouve propulse au plafond comme sur une catapulte, avec l'assise de la banquette qui en profite pour se faire la malle.

Au loin, on peut admirer un gros nuage frappant la steppe de ses eclaires qui dechirent le ciel obscur. Il se met a pleuvoir en trombe, nous voila comme teleporte en pleine mer, par forte houle. Le bus, sur la piste transforme en ocean de boue, propulse de grandes gerbes d'eau de part et d'autre de la voie.


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